ANTIGONE : Examen régional
EXAMEN
TEXTE :
CRÉON :
Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? Pour les autres, pour ceux qui y croient ?
Pour les dresser contre moi ?
ANTIGONE :
Non.
CRÉON :
Ni pour les autres, ni pour ton frère ? Pour qui alors ?
ANTIGONE :
Pour personne. Pour moi.
CRÉON, la regarde en silence : Tu as donc bien
envie de mourir ? Tu as l’air d’un petit gibier pris.
ANTIGONE
: Ne vous attendrissez pas sur moi. Faites comme moi. Faites ce
que vous avez à faire. Mais si vous êtes un être humain, faites-le vite. Voilà
tout ce que je vous demande. Je n’aurai pas du courage éternellement, c’est
vrai.
CRÉON, se
rapproche : Je veux te sauver, Antigone.
ANTIGONE
: Vous êtes le roi, vous pouvez tout, mais cela, vous ne le pouvez
pas.
CRÉON
: Tu crois ?
ANTIGONE :
Ni me sauver, ni me contraindre.
CRÉON
: Orgueilleuse ! Petite Œdipe !
ANTIGONE
: Vous pouvez seulement me faire mourir.
CRÉON :
Et si je te fais torturer ?
ANTIGONE
: Pourquoi ? Pour que je pleure, que je demande grâce, pour que je
jure tout ce qu’on voudra, et que je recommence après, quand je n’aurai plus
mal ?
CRÉON, lui
serre le bras : Écoute-moi bien. J’ai le
mauvais rôle, c’est entendu, et tu as le bon. Et tu le sens. Mais n’en profite
tout de même pas trop, petite peste… Si j’étais une bonne brute ordinaire de
tyran, il y aurait déjà longtemps qu’on t’aurait arraché la langue, tiré les
membres aux tenailles, ou jeté dans un trou. Mais tu vois dans mes yeux quelque
chose qui hésite, tu vois que je te laisse parler au lieu d’appeler mes soldats
; alors, tu nargues, tu attaques tant que tu peux. Où veux-tu en venir, petite
furie ?
ANTIGONE
: Lâchez-moi. Vous me faites mal au bras avec votre main.
CRÉON, qui
serre plus fort : Non. Moi, je suis le plus fort
comme cela, j’en profite aussi.
ANTIGONE, pousse
un petit cri : Aïe !
CRÉON, dont
les yeux rient : C’est peut-être ce que je
devrais faire après tout, tout simplement, te tordre le poignet, te tirer les
cheveux comme on fait aux filles dans les jeux. (Il la regarde encore. Il redevient
grave. Il lui dit tout près.) Je suis ton oncle, c’est
entendu, mais nous ne sommes pas tendres les uns pour les autres, dans la
famille. Cela ne te semble pas drôle, tout de même, ce roi bafoué qui t’écoute,
ce vieil homme qui peut tout et qui en a vu tuer d’autres, je t’assure, et
d’aussi attendrissants que toi, et qui est là, à se donner toute cette peine
pour essayer de t’empêcher de mourir ?
ANTIGONE, après
un temps : Vous serrez trop, maintenant.
Cela ne me fait même plus mal. Je n’ai plus de bras.
CRÉON, la
regarde et la lâche avec un petit sourire. Il murmure.
Dieu
sait pourtant si j’ai autre chose à faire aujourd'hui, mais je vais tout de
même perdre le temps qu’il faudra et te sauver, petite peste. (Il la fait
asseoir sur une chaise au milieu de la pièce. Il enlève sa veste, il s’avance
vers elle, lourd, puissant, en bras de chemise.) Au lendemain d’une révolution
ratée, il y a du pain sur la planche, je te l’assure. Mais les affaires
urgentes attendront. Je ne veux pas te laisser mourir dans une histoire de
politique. Tu vaux mieux que cela.
Questions
I. Étude de texte : (10 points)
Relisez
le texte et répondez aux questions suivantes :
1) Jean
Anouilh est un dramaturge français.
- Quand
et où est-il né ? (0,25 x 2)
- Citez
une de ses œuvres autres que « Antigone » (0,5)
- Quand et
où est-il mort ? (0,25 x 2)
Pour
répondre, vous pouvez choisir parmi les informations suivantes : (1905, 1910,
1980, 1987), à Paris, à Bordeaux, à Genève, à Lausanne, « La sauvage», « Les
misérables».
2) Dans
quel genre littéraire classe-t-on la pièce «Antigone» de Jean Anouilh ?
Pourquoi ? (1 pt)
3) « CRÉON : Pourquoi
fais-tu ce geste, alors ? »
D'après
votre lecture de l’œuvre, de quel geste parle Créon dans cette réplique ? (1
pt)
4) -Relevez
dans le texte une
phrase qui montre l’entêtement et la détermination
d’Antigone. (1 pt)
5) -a-Relevez dans le
texte une didascalie qui
montre la colère de Créon
-b-Quelle est la raison
de sa colère. (1 pt)
6) « je n’ai plus de bras »
a- De
quelle figure du style s’agit-il ? Justifiez votre réponse.
b- Quelle
idée met-elle en relief ? (1,5 pt)
7) Relevez
dans le texte deux
mots ou expressions appartenant au champ lexical de « la
violence » (1 pt)
8) D'après
votre lecture de l’œuvre ; Créon a-t-il réussi à convaincre Antigone de
renoncer à son projet ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
9) À
la lecture de ce passage, qui selon vous est en position de force : Créon le
roi ou Antigone ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
la correction:
Relisez le texte et répondez aux
questions suivantes :
1) Jean Anouilh est un dramaturge français.
- Quand et où est-il né ? (0,25 x 2)
-Il est né en 1910 à Bordeaux.
- Citez une de ses œuvres autres que
« Antigone » (0,5)
-La Sauvage.
- Quand et où est-il mort ? (0,25 x
2)
-Il est mort en 1987 à Lausanne.
Pour répondre, vous pouvez choisir
parmi les informations suivantes : (1905, 1910, 1980, 1987), à Paris, à
Bordeaux, à Genève, à Lausanne, « La sauvage», « Les misérables».
2) Dans quel genre littéraire classe-t-on la pièce
«Antigone» de Jean Anouilh ? Pourquoi ? (1 pt)
-Antigone est une tragédie moderne.
-Car il y a la fatalité et le
dénouement est funeste puisque trois personnages vont mourir.
3) « CRÉON : Pourquoi fais-tu ce geste, alors ? »
D’après votre lecture de l’œuvre, de
quel geste parle Créon dans cette réplique ? (1 pt)
-Il s’agit de l’enterrement de
Polynice, le frère d’Antigone.
4) -Relevez dans le texte une phrase qui montre
l’entêtement et la détermination d’Antigone. (1 pt)
-« Vous pouvez seulement me faire
mourir. »
-« Faites comme moi. Faites ce que
vous avez à faire. »
-« Ni me sauver, ni me contraindre. »
-« je recommence après, quand je
n’aurai plus mal ? »
5) -a-Relevez dans le texte une didascalie qui montre
la colère de Créon
« lui serre le bras » / « qui serre
plus fort »
-b-Quelle est la raison de sa colère.
(1 pt)
-C’est l’entêtement d’Antigone et sa
détermination à refaire son geste.
6) « je n’ai plus de bras »
a- De quelle figure du style s’agit-il ? Justifiez
votre réponse.
-Une hyperbole
b- Quelle idée met-elle en relief ? (1,5 pt)
-L’idée de l’insensibilité à la
douleur.
-Antigone veut montrer qu’elle ne
souffre plus, qu’elle est devenue insensible à la douleur.
7) Relevez dans le texte deux mots ou expressions
appartenant au champ lexical de « la violence » (1 pt)
« faire mourir » / « torturer » / «
faire mal » / « serrer le bras » / « tordre le poignet » / « tirer les cheveux
» / « arracher la langue » / « tirer les membres aux tenailles », …
8) D’après votre lecture de l’œuvre ; Créon a-t-il
réussi à convaincre Antigone de renoncer à son projet ? Justifiez votre
réponse. (1 pt)
-Exemple : Non, Créon n’a pas réussi
à convaincre Antigone car elle ne veut pas renoncer à son projet. Ainsi, le
roi, sous la pression de la foule, sera obligé de la faire mourir.
9) À la lecture de ce passage, qui selon vous est en
position de force : Créon le roi ou Antigone ? Justifiez votre réponse. (1 pt)
-Exemple : À mon avis, c’est Antigone
qui est en position de force car elle se montre décidée et pousse le roi à la
faire mourir alors que ce dernier tente désespérément de la sauver.
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